L’entraînement du chanteur

Tout comme pour le coureur professionnel, le chant lyrique implique un entraînement quotidien. Or la plupart des chanteurs ne savent pas comment travailler.

Le surentraînement

Lorsqu’on en fait trop, on risque de se faire mal. C’est vrai en sport tout autant qu’en chant. Beugler des Fa# aigüs à longueur de temps pour un baryton ou une mezzo n’est pas vraiment bon pour la santé vocale.

Ainsi, trop chanter (à haute comme à faible intensité) n’est pas la meilleure chose à faire pour optimiser le développement des qualités vocales (ce n’est pas non plus un encouragement à ne pas travailler !).

L’entraînement sportif

Dans le domaine sportif, on a isolé les caractéristiques physiques à développer en priorité (pour les connaisseurs, il s’agit de la puissance aérobie maximale, du volume aérobie maximal et de la puissance anaérobie maximale).

Les recherches ont démontré, pour les sportifs, qu’il faut travailler à haute intensité pour développer au mieux les caractéristiques recherchées. On connaît même les intensités auxquelles il faut travailler pour développer telle ou telle caractéristique. Cela a donné lieu aux entraînements par intervalles ou aux entraînements fractionnés.

Le fractionné en technique vocale

Rien n’existe de tout cela pour le chant (malheureusement !), mais l’expérience montre que travailler à haute intensité améliore nettement l’endurance du chanteur, selon Adrien Poupin. Il a ainsi adopté cette approche pour lui-même et le fait appliquer à ses élèves.

Lorsqu’on chante des notes après le passage aigü, il faut chanter des voyelles fermées avec une gorge ouverte“, dit Christine Schweitzer. Toujours est-il qu’avec une technique vocale saine, chanter après le passage est éprouvant pour la musculature de la soufflerie et met davantage à contribution l’organe phonatoire. Un effort de ce type est généralement fatigant pour la voix, ce qui risque d’amener des serrages (ou crispations musculaires) qui peuvent mettre le chanteur à mal.

Adrien Poupin a donc basé sa méthode d’entraînement sur une alternance rapide (de l’ordre de 30′ ou de la minute) entre des vocalises de tessiture moyenne et des vocalises sur des notes se situant après le passage. De cette manière, le chanteur est capable de chanter beaucoup plus longtemps à haute intensité, sans se fatiguer. De plus, il est aussi capable, à la fin de sa séance de travail, de connaître exactement combien de minutes entières il a été capable de chanter à haute intensité après le passage.

Entre les périodes de chant à haute intensité (souvent 30” pour commencer), on place des périodes de récupération actives et passives (vocalises en tessiture moyenne), qui permettent au chanteur de corriger directement les éventuels serrages et de se réhydrater.

Appliquer cette méthode est loin d’être une torture. Par contre, cela oblige le chanteur à chanter à haute intensité. S’il n’a pas l’habitude de telles pratiques, cela chamboule donc ses usages. L’organisme, suite à la sollicitation plus importante, a tendance à s’adapter dans le sens d’un renforcement de l’ensemble de l’appareil phonatoire. Cela fait également davantage travailler les muscles abdominaux.

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